dimanche 28 novembre 2010

Hésitations

Ces journées constituées d''hésitations. Tu te dis qu'il y a un problème dans tes perceptions. Que tu dois mal comprendre le monde. Que tu ne sais pas saisir le monde. Il y a Ariane Moffatt qui chante, en sourdine, depuis deux jours.

Si tu penses que c'est trop haut pour toi, descends / je suis pas là pour te faire perdre ton temps / si tu me vois comme ta fin du monde, va-t-en / je vais vivre ma fin du monde autrement

Tu te sens tellement émue, ce soir. Tu revis. Ça te touche. Il sait ce qu’il a été, c’est lourd, et il ne veut plus être ce qu’il a été. Il voudrait être autre chose. Il aimerait que tu connaisses tout ce qu'il a à l'intérieur qu’il ne connaît pas, pas encore, mais qui est pourtant là, bien réel. Il aimerait trouver de nouvelles façons d'être l'homme qu'il est, de renaître. Ne plus se censurer. Toi, tu sais pourtant ce qu'il est, sorte de terre en jachère, qui n'a besoin que d'être remuée pour renaître. Toi tu sais qu'il est déjà quelque chose. Qu'il est tellement plus que la pâle image qu'il a de lui.

Pis toi tu te dis je rêve de vivre dans un océan. Pis tu te dis aussi que tu as le coeur tellement sensible.


samedi 27 novembre 2010

Des histoires de musique

Il neigeait ce matin et il y avait beaucoup de gens dans la rue. Il y avait une parade, cette neige qui tombait partout. J'attendais, appuyée sur un arbre, près de l'église. J'avais plein de moments en tête et les joues rosées. C'est là que je l'ai vue. Une petite dame, très coquette, avec un petit chapeau gris et des lèvres rouges, très rouges. Elle s'est approchée, candide.

- Bonjour mademoiselle. C'est impressionnant, comme le père Noël est rassembleur, n'est-ce pas ?
- En effet...
- Vous savez, moi, mes enfants sont beaucoup trop vieux pour venir ici. Et vous, quel âge avez-vous ? Vous êtes toute jeune. Vous n'êtes pas mariée, sans doute ?
- Ah, non, pas du tout, vous savez. J'ai encore bien du temps.
- C'est ce que je pensais, à votre âge. Mais il faut être vorace, vous savez. Le temps passe très rapidement. Je vous regarde, vous avez des yeux très éveillés. Vous semblez bien. Quel est votre secret ?À votre âge, j'avais envie de vivre mille autres vies en même temps que la mienne. C'est un peu tard, maintenant. Mais pourquoi je vous raconte tout cela, ce que je peux être bavarde, mon mari ne cessait de me le dire.

Elle était tellement belle, à m'offrir là son histoire, moi qui me croyais un peu en retrait du monde. Je l'ai regardée très doucement, puis j'ai mis ma main sur son épaule.

- Vous savez, il n'est pas trop tard. J'ai peut-être une petite idée pour vos mille autres vies à vivre.

Elle me regardait d'un air peu assuré. Mon regard à moi couvrait un large territoire. Je cherchais Joanne qui devait arriver.

- Les livres. La fiction. Elle vous amenera dans tant d'endroits dont je ne connais pas encore le nom.

Elle m'a souri. « Pourquoi pas !», avait-elle dit. J'avais envie de l'inviter à déjeuner avec nous. Joanne est arrivée et je l'ai abandonnée derrière moi, le coeur lourd, tout comme j'ai abandonné mon envie de la serrer contre moi.

samedi 20 novembre 2010

Le monde réel

Je commence à concevoir l’absence. Elle a une couleur très pâle, une sorte de blanc perlé.

La première neige est tombée, ici. C’est d’une beauté à geler toute douleur, chuchote Dumas. Ce matin, je me suis éveillée et j’ai regardé les flocons qui tombaient. J’avais envie de perdre toute conscience. 

Je me sens bien. Bientôt, lorsque toutes ces images déjà engourdies s’estomperont, je n’appartiendrai qu’à moi-même. Avoir l'esprit libre pour créer, être forte, au-dessus des autres, écrit Marie.

Je lis, les cheveux mouillés, en serviette. J’ignore le téléphone qui sonne. Je n’ai pas envie de rejoindre le monde réel. Pas tout de suite.  Ma mère dit que cette attitude m’éloigne du monde. Je suis convaincue du contraire. Je crois que lui aussi. Cela me suffit.

Bientôt, je nagerai dans l’océan et m’endormirai sur la grève.

dimanche 14 novembre 2010

La plume de Marie

Dernièrement, je suis revenue à Marie Uguay.

La lecture aidant, j'ai la très nette impression de me réveiller d'un long sommeil, une sorte d'hibernation prolongée et comateuse. Vision étrange d'avoir en quelque sorte gelé mes émotions, mes désirs. C'est aberrant de voir à quel point l'on peut cesser de respirer pendant des très longs moments.

Un jour vous croyez que vous êtes morte, presque condamnée à cette vie à laquelle vous vous êtes habituée, finalement, ce mélange opaque de chaleur et de réconfort. Oui, vraiment, vous y croyez au bonheur, à cette conception toute-faite-parfaite-et-consacrée-socialement. Mais, à un moment, on vous fait une entaille, bien profonde, et vous saignez beaucoup. Le douleur vous réveille. C'est alors que vous réalisez que le monde est là, tout près, que vous pouvez presque le toucher de la main. C'est alors que vous souriez presque, comprenant votre méprise, bien calée dans votre bain froid.

J'ai mis un temps fou à comprendre. À confondre mes perceptions, peut-être bien. Peut-être bien.


"Dans les battures anticipées où tu te lies à moi
je te songe
Parfois je suis le graveur ivre de ton corps
parfois le scribe de tes désirs "

écrit Marie.

Ouais.

vendredi 5 novembre 2010

Biscuit

Croire en quelque chose et ne pas le vivre, c'est malhonnête, disait Gandhi.